Pedro Gabriel Delgado, psychiatre, change la façon dont les malades mentaux sont traités au Brésil.
Pedro a passé la majeure partie de sa vie professionnelle à tenter de protéger les droits des malades mentaux et d'améliorer la qualité de leur traitement. Au milieu des années 1970, alors qu'il était à l'école de médecine, il a travaillé comme bénévole dans un hôpital psychiatrique. Il a vu de première main le triste état des soins psychiatriques au Brésil et est devenu convaincu que le confinement doit être évité autant que possible. Au cours de sa résidence en psychiatrie, Pedro est devenu actif dans la défense des patients" droits. Il a été licencié d'un hôpital psychiatrique de Rio de Janeiro lorsque lui et huit autres médecins ont dénoncé les conditions inadéquates qui y régnaient. Depuis, il a travaillé dans plusieurs cliniques privées et publiques, a enseigné la psychiatrie au niveau universitaire, a obtenu une maîtrise et termine présentement un doctorat en médecine préventive. Pedro a non seulement été le moteur de la nouvelle loi brésilienne réglementant les services de santé mentale, mais a également aidé à fonder plusieurs groupes importants cherchant à mener des réformes fondamentales dans le système de santé mentale du Brésil : le Mouvement national des professionnels de la santé mentale, le Département de santé mentale du Syndicat des médecins de Rio de Janeiro et le Réseau international des alternatives à la psychiatrie. Au cours de la dernière décennie, ces groupes ont tenté de stimuler un débat entre patients et anciens patients, agents de santé, responsables gouvernementaux et proches de patients mentaux afin de proposer une manière plus humaine et efficace de traiter les patients internés dans des établissements psychiatriques privés et publics. .
Un défenseur de longue date des patients mentaux & # 39; droits de l'homme, Pedro a été le moteur d'une nouvelle loi, qui devrait être approuvée cette année, qui réglementera mieux le système de santé mentale du pays pour mettre un terme aux abus généralisés actuels. Une disposition clé de la loi exige qu'un défenseur public du gouvernement soit informé dans les vingt-quatre heures de l'internement involontaire d'une personne dans un établissement psychiatrique. Le défenseur public doit interroger les médecins, les membres de la famille et d'autres personnes pour déterminer si l'engagement de la personne est justifié. La loi interdit également la création d'hôpitaux psychiatriques supplémentaires en faveur de la création d'un réseau d'alternatives de soins de santé mentale, y compris des séjours hospitaliers de courte durée (soixante-douze heures), des traitements de jour et des arrangements de vie de groupe supervisés. "Cette loi représente plus qu'un simple progrès" dit Pedro. "Cela signifie un changement radical pour le mieux." Forts de ce succès, Pedro et d'autres professionnels ont créé un groupe appelé SOS-Human Rights for the Psychiatric Patient pour fournir une protection 24 heures sur 24 aux patients mentaux. Une secrétaire à plein temps recevra les plaintes concernant la négligence médicale, les abus physiques et sexuels et l'incarcération injustifiée des patients. Le secrétariat contactera alors un psychiatre SOS de garde qui enquêtera sur les plaintes et fera pression sur les autorités pour qu'elles interviennent si nécessaire. Le groupe annoncera les cas graves à la presse. Il mènera également une campagne d'information, destinée au grand public et aux professionnels de la santé, afin d'éliminer les stéréotypes sur les malades mentaux et de faire connaître les alternatives aux soins institutionnels traditionnels. SOS prévoit également de maintenir des contacts étroits avec les politiciens, les avocats, les juristes et les organisations de défense des droits de l'homme afin d'assurer une enquête rapide sur toute suspicion d'abus.
Comme dans de nombreux autres pays, les hôpitaux psychiatriques du Brésil ont souvent servi de dépositaire à de nombreuses personnes qui, si on leur offrait d'autres formes de traitement, pourraient éviter de longues périodes d'hospitalisation. Pas moins de 110 000 personnes sont internées dans des cliniques privées et publiques, et 30 000 personnes supplémentaires reçoivent un traitement quelconque ou attendent une place disponible dans un hôpital. Au cours des années 1960, le gouvernement militaire alors au pouvoir a créé des incitations à l'ouverture de hôpitaux privés. Ils ont proposé d'indemniser les hôpitaux sur une base par patient pour l'admission de personnes qui seraient autrement traitées dans les hôpitaux publics, où les lits étaient rares. Le système encourageait les hôpitaux privés à ne pas traiter et décharger efficacement les malades mentaux qui n'avaient besoin que de soins de courte durée, mais à les garder le plus longtemps possible. Aujourd'hui, quatre-vingt pour cent de tous les malades mentaux au Brésil sont traités dans des établissements privés, qui sont remboursés par le gouvernement. Dans de nombreux cas, les patients passent quinze à vingt ans confinés dans un établissement psychiatrique sans aucune raison. "Les cliniques privées essaient toutes de garder leurs lits pleins à tout moment" dit Pedro. "L'accent est mis sur le maintien du patient là-bas, et non sur l'aide à sa réinsertion dans le monde. Cette attitude de clinique privée a dominé les attitudes officielles envers les soins de santé mentale au Brésil pendant des années.
Pedro est bien conscient que les lois seules ne garantiront pas l'amélioration des soins de santé mentale. C'est pourquoi Pedro pense qu'il est si important de créer le programme SOS-Human Rights for Psychiatric Patient. SOS, qui fonctionne avec un budget minime, prévoit d'installer un petit bureau qui relayera les appels d'urgence à quatre médecins portant à tout moment des bips de message à la ceinture. Ils formeront le noyau de la hotline 24 heures sur 24. En outre, un réseau de militants de la santé mentale signalera les abus à la presse, enverra des lettres de protestation aux fonctionnaires défendant des cas individuels ou faisant pression pour des changements de politique, et publier un bulletin d'information régulier contenant des informations sur les progrès du traitement de la santé mentale. Le groupe servira également de chien de garde pour s'assurer que de nouvelles dispositions légales sont mises en œuvre, comme celle exigeant qu'un défenseur public approuve l'institutionnalisation involontaire. Pedro espère également renforcer l'Institut Franco Basaglia, dont il est fondateur et président, qui organise des débats et des discussions autour des questions de santé mentale. "Un débat très important est déjà en cours sur la manière dont les services de santé mentale doivent être modifiés" dit Pedro. "Plus nous stimulons ce débat, plus le changement viendra rapidement et plus la société l'acceptera facilement."